Entre ombre et lumière : une exposition en six temps

Le Musée Jacquemart-André consacre une exposition exceptionnelle à Georges de La Tour (1593-1652), ce maître du clair-obscur longtemps tombé dans l’oubli et redécouvert au XXe siècle. Pour accompagner votre immersion dans cet univers pictural fascinant, nous vous proposons une sélection musicale qui résonne avec l'atmosphère de ses toiles les plus saisissantes : entre ombres et lumières, entre silences et mélodies gracieuses.

Un retour aux origines

On commencera par découvrir les peintures les plus emblématiques de La Tour, un artiste enraciné en Lorraine tout en étant sensible aux œuvres du Caravage. Cette section, dont Job raillé par sa femme est l’une des œuvres phares, vous plongera dans un monde où le quotidien se sacralise et où le dépouillement est au service de la méditation. Alberto Da Ripa et sa Fantaisie II pour luth (piste 1) vous transporteront au cœur de l’univers musical de l’époque du peintre.

Job raillé par sa femme, Georges de La Tour, vers 1650 © Musée départemental d’art ancien et contemporain, Épinal, cliché Claude Philippot

L'humanité du quotidien

Le parcours se poursuit avec la représentation de scènes diurnes de la vie quotidienne des personnages les plus marginaux : musiciens ambulants, vieillards, mendiants… La Tour s'empare de ces figures du peuple sans pathos. De même que dans Le Vielleur au chien, les gestes semblent ralentir jusqu'à l'arrêt, et les regards témoignent d'une introspection qui dépasse la bordure du cadre. La technique du clair-obscur révèle la grandeur de ces êtres ordinaires transfigurés par l'art, et trouve un écho musical dans Vallets de la Faiste de Louis Constantin (piste 6).

Le Vielleur au chien, Georges de La Tour, vers 1622 © Philip Bernard - musée du Mont-de-Piété, Bergues

Des saints pénitents

L'étau se resserre progressivement sur des figures religieuses, notamment des saints. La confrontation de deux versions de Saint Jérôme pénitent s’impose notamment dans la troisième section de ce voyage pictural. L'essence de l'art du peintre y est inscrite : il représente des êtres seuls, absorbés dans la prière ou la méditation, éclairés par une source lumineuse souvent dissimulée. La progression vers l'intériorité trouve sa résonance dans Ô doux Sommeil que tes songes aimables d’Etienne Moulinié (piste 9), dont le rythme épouse la douce lenteur des gestes suspendus.

Reniement et repentir

L'exposition aborde ensuite la question du repentir et du reniement, thèmes centraux de l'iconographie chrétienne. Les Larmes de saint Pierre est l’une des œuvres principales de cette séquence. Elle montre un homme brisé, pris dans un moment où se mêlent le doute, la douleur et l’espoir. L'atmosphère se fait plus dramatique, plus poignante, tout en conservant une grande simplicité. Je perds le repos et les sens d’Antoine Boësset (piste 15) rend compte à la perfection de la tonalité grave qui imprègne ces créations. 

Les Larmes de saint Pierre ou Saint Pierre repentant, Georges de La Tour, 1645 © Courtesy of The Cleveland Museum of Art

La flamme comme sujet

Des bustes des apôtres aux estampes de Jacques Bellange, en passant par de nombreux chefs-d’œuvre tels que Le Nouveau-né, la quatrième section symbolise l’apogée du style de La Tour. La lumière devient le centre de l’art du peintre. Elle habite chaque tableau, elle obsède le spectateur qui est invité à deviner et contempler chaque détail de la toile, jusqu'à s'interroger de nouveau sur le sens de ce qu’il voit.

Le Nouveau-né, Georges de La Tour, vers 1645  © Rennes, Musée des Beaux-Arts

Au crépuscule d’une brillante carrière

Le parcours se conclut avec des pièces tardives de La Tour, qui repousse les limites pour atteindre une stylisation extrême de la clarté. Dans ces œuvres, les effets lumineux prennent le pas sur la narration. La beauté de Rares fleurs vivante peinture de  François de Chancy (piste 18) apporte à la fin de ce parcours une touche de poésie et de beauté, en regard de celle de la lumière du Fumeur.

Le Fumeur, Georges de La Tour, 1646 © Tokyo Fuji Art Museum ImageArchives/DNPartcom

L’exposition du musée Jacquemart-André offre une immersion rare dans l’œuvre singulière de Georges de La Tour. À travers un parcours en six temps, le visiteur découvre une peinture silencieuse qui élève le quotidien au rang du sacré. À la sortie de ce voyage entre ombres et lumières, il ne reste qu’un sentiment de calme profond. Une invitation à la l’introspection et la contemplation.

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Image 1 : Job raillé par sa femme, Georges de La Tour, vers 1650 © Musée départemental d’art ancien et contemporain, Épinal, cliché Claude Philippot

Image 2 : Le Nouveau-Né, vers 1645 © Rennes, Musée des beaux-arts

Image 3 : Le Fumeur, 1646 ©Tokyo Fuji Art Museum Image Archives/DNPartcom

Image 4 : Le Vielleur au chien, Georges de La Tour, vers 1622 © Philip Bernard - musée du Mont-de-Piété, Bergues

Image de couverture : Le Fumeur, 1646 ©Tokyo Fuji Art Museum Image Archives/DNPartcom

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